Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur Ressourcial ?
Ressourcial est une association loi 1901 qui fonctionne sous la forme d’un groupement social de moyens qui accompagne des organismes gestionnaires du secteur social et médico-social. Un groupement social de moyens est une disposition que permet le code général des impôts, très précisément dans son article 261, et qui donne la possibilité à des acteurs de partager des ressources. Il s'agit de ressources de toutes natures, matérielles ou encore ressources humaines. Nos statuts prévoient le partage entre organisations qui sont elles-mêmes sous un régime non lucratif, ou en tout cas qui n’ont pas plus de 20% de leur activité soumise à un régime de TVA. La contrepartie est que cela permet que ce partage soit exonéré de TVA donc économiquement c’est plutôt quelque chose d’intéressant. Notre objet social c’est le partage de ressources autour de l’informatique et du numérique, les conditions de ce partage étant que tous les acteurs contribuent au partage, au prix de revient et à l’euro près donc dit autrement un groupement ne peut pas faire de bénéfice. Ressourcial ne vend rien mais partage, la valeur de partage, du bien commun est au centre de notre groupement.
Quelles sont les étapes d’inscription avant de profiter d’une ressource du groupement ?
Une structure qui souhaite utiliser les ressources mises en commun ne paie que le prix des ressources qu’elles souhaitent utiliser et elle ne paie pas d’adhésion. Elle paiera une cotisation si elle souhaite devenir membre actif. Concrètement nous allons partir de l’exemple du diagnostic flash du système que nous proposons. Une association fait appel à nous donc dans un premier temps nous nous mettons d’accord sur un cadrage, il s’agit de s’entendre, de savoir de quoi on parle, de savoir ce qu’est un système d’information et de comprendre pour eux ce que représente le numérique, nous avons une approche du système d’information qui se veut une approche non exclusivement matérielle et technique c’est donc toute la façon dont l’information est structurée, organisée, partagée, protégée et circule dans l’organisation donc nous avons ce cadrage à la suite de quoi notre intervention se déclenche dans l’association en 3 étapes :
- nous organisons un échange collectif avec l’équipe de direction de l’association, les cadres dirigeants, les dirigeants salariés mais aussi le cas échéant les dirigeants élus et donc c’est un échange de type brainstorming autour des questions du numérique pour comprendre la manière dont il est abordé dans leur organisation, nous essayons aussi de cartographier avec eux l’état de leurs ressources existantes en termes de système d’information par rapport aux bonnes pratiques et celles notamment qui sont éditées par l’Agence Nationale d'Appui à la Performance (ANAP).
- puis, nous utilisons un questionnaire sur les usages qui peut être potentiellement adressé à tous les salariés de l’association,
- enfin, nous procédons a des interviews d’une trentaine de minutes auprès de professionnels que l’association estime être intéressant à entendre sur ces questions. A partir de tout cela nous recueillons un certain nombre d’informations importantes et nous procédons aussi à un audit relativement approfondi de l’aspect infrastructures.
Nous recueillons toutes ses informations et nous les mettons en forme dans un délai assez court. A partir de cette restitution, nous échangeons avec les dirigeants de l’association, l’objectif étant de les aider à répondre à la question à la fois où est-ce que j’en suis dans mon système d'information et puis par quoi est-ce que je commence pour moderniser mon système d'information ? Evidemment s'ils le souhaitent nous continuons à les accompagner dans l’élaboration de leur feuille de route sur l’évolution de leur système ou encore l’élaboration de leur schéma directeur système d’information.
Aucune organisation n’est identique et nous essayons de comprendre à la fois la structure et aussi comprendre les acteurs de l'association. Les entretiens par exemple que nous menons sont faits sur un mode compréhensif c’est-à-dire que nous ne venons ni auditer, ni porter un jugement et que nous essayons d’aborder les choses autour des usages et des pratiques en matière de numérique.
Comment est-ce que vous aidez les structures à s'approprier les enjeux du numérique ?
Nous essayons d’amener les dirigeants à ne pas aborder exclusivement la question des systèmes d’information sous l’angle uniquement des outils de gestion du pilotage et management mais de prendre en compte l’expérience numérique des personnes accompagnées dans leurs organisations, de comprendre comment développer cette expérience et comment travailler ce système information en fonction de ces expériences numériques. Aujourd’hui lorsque la personne est accompagnée par des organismes sociaux et médico-sociaux elle est co-constructrice de son parcours et il faut en tirer les conséquences aussi sur le plan du numérique. Par conséquent, il faut ajuster les projets en fonction des niveaux de toutes les personnes accueillies.
Nous essayons de faire comprendre à nos interlocuteurs qu'il ne suffit pas qu'ils équipent leurs usagers avec des tablettes tactiles, oui c’est bien mais cela ne suffit pas, ce n’est pas la machine et l’outil qui créent l’usage donc il faut aussi travailler la manière dont dans un accompagnement social et éducatif nous intègrons le numérique, le numérique n’étant pas conçu exclusivement comme un outil.
Auriez-vous un exemple de projet qui a été possible grâce à votre groupement et qui sans celui-ci n’aurait pas été possible ?
Sans Ressourcial ce serait un peu immodeste de dire cela mais un des projets que nous avons pu réaliser tourne autour de l’utilisation des ressources de business intelligence. Il y a quelques mois le gouvernement a rendu obligatoire le fait de mettre en place ce que l’on appelle une base de données économique et sociale donc une base de données mise à la disposition des instances représentatives du personnel et qui rassemble un certain nombre d‘informations liées à la vie économique et sociale de l’entreprise donc concrètement ici il faut faire appel à toutes une série de données qui sont présentes dans les systèmes d’information mais qui sont spontanément difficiles à synthétiser.
Nous avons donc conduit un projet autour de cela avec cinq associations qui sont membres de Ressourcial et nous avons produit une application de business intelligence qui est motorisée par un outil que nous retrouvons sur le marché en l’occurrence un outil de la société Click. Cet outil permet d’avoir en permanence une mise à jour de cette base de données. Les associations ne songeaient même pas à réaliser ce projet parce qu'il leur semblait complexe c’était compliqué si on l’abordait individuellement, mais le fait d’avoir offert la possibilité à plusieurs d’entres elles de se regrouper cela a permis de pouvoir développer les scripts permettant de produire ces éléments.
Comment est-ce que le programme de solidarité numérique, Solidatech, vous aide au quotidien avec les organismes accompagnés ?
Je parlais de notre diagostic flash, les associations sont encore pour la plupart à découvrir le numérique et à s’interroger sur ce qu’il faut faire donc systèmatiquement dans les préconisations que nous faisons nous parlons de Solidatech aux associations pour qu'elles étudient leurs besoins en équipements informatiques ou en logiciels. Nous travaillons avec des associations qui interviennent dans le champ de l’accompagnement social et qui n’ont pas beaucoup d''équipements informatiques, elles font notamment de l’accompagnement de personnes migrantes, je les mets en contact avec Solidatech pour les aider à constituer une petite malette de ressources facilement véhiculables ou utilisées dans des situations précaires, dans la rue etc.
Aujourd'hui via Solidatech, les associations ont la possibilité d’accéder à des ressources dans des conditions qui sont compatibles avec leurs possibilités. Nous les invitons aussi à découvrir ce que Solidatech propose en termes d’accompagnement, de partage, de retours d’expérience et notamment le webinaire que Solidatech a organisé sur le numérique et les associations. Nous essayons de les pousser à s'intéresser à ce type de sujet.